La presse nous apprend ce lundi que le président de la Région Normandie, lors d’une réunion publique organisée à Louviers lundi 10 mars dernier, a enterré sous un tapis d’approximations la réouverture tant attendue par les Eurois d’une liaison ferroviaire entre Louviers et Évreux. Hervé Morin contredit frontalement son vice-président Jean-Baptiste Gastinne qui déclarait il y a un an: « La ligne Évreux-Louviers n’est pas oubliée ! » Il ne peut y avoir meilleure illustration de l’absence de sérieux de l’exécutif régional sur le dossier le plus important de la mandature pour le département de l’Eure.

L’affirmation péremptoire d’Hervé Morin repose en effet sur trois postulats volontairement erronés :

  • Tout d’abord, en prétendant que l’ouverture de cette ligne serait impossible. L’étude de février 2022 réalisée par SNCF Réseau à la demande de la Région conclut que « les contraintes répertoriées ne sont pas rédhibitoires à ce stade de l’étude ». Elles consistent principalement en l’aménagement de passages à niveau pour lesquels des solutions techniques existent.
  • Ensuite, en affirmant qu’une telle ligne représenterait « un coût faramineux ». La même étude chiffre pourtant le scénario Rouen-Évreux en tram-train (moins cher que le train conventionnel) à 257 millions d’euros en investissement et 13 millions par an en fonctionnement pour la maintenance/exploitation. Ces investissements sont à mettre en face des sommes consenties pour le transport par la Région Normandie dans les autres départements normands.

• Enfin, en niant le besoin à l’appui d’une étude non-communiquée qui serait fondée sur les données GPS des Normands, en réfléchissant à flux constant. « La forte demande de déplacements dans le corridor et les temps de parcours ferroviaires attractifs permettent d’envisager un potentiel de trafic important. » conclut portant l’étude de SNCF Réseau.

La solution alternative en car proposée par Hervé Morin n’est aucunement satisfaisante. Le niveau de service n’est évidemment par le même et les Eurois ne sauraient être considérées comme des citoyens de seconde zone par leur président de région est ses vice-présidents eurois !

Enfin, les temps de transports et donc leur attractivité sont différents. La dernière étude de simulation des temps de parcours sur un axe Rouen–Val-de-Reuil–Louviers–Évreux évalue le temps en tram-train à 50 minutes, contre 1h20 à 1h30 pour le car !

Les Eurois et les Normands méritent une Région qui investit dans les transports du quotidien. D’autres choix sont possibles au service d’une politique ambitieuse des mobilités, sans alourdir l’endettement de la collectivité.

Au moment où les maires de Verneuil d’Avre et d’Iton et de Conches ont exprimé dans la presse le besoin de leurs administrés d’être reliés à un axe ferroviaire rattachant Évreux à Rouen, alors qu’un nouveau tracé est évoqué par les élus de la 2ème et de la 3ème circonscription de l’Eure, notre groupe, aux côtés des nombreux élus locaux concernés et des associations de voyageurs, refuse cet enterrement de première classe pour un dossier essentiel à l’attractivité économique, démographique, universitaire, sanitaire d’un des cinq départements normand.